Espagne en héritage

Un film de Guillaume Mazeline et Jacquie Chavance
Scénario : Jacquie Chavance

Image : Éric Wild
Montage : Guillaume Mazeline
Mixage : Vincent Bordelais

Musique Originale :  Christian Bullot
Dessins : Lola-ly Canac

Producteurs : Nico Di Biase , Eric Wild


Sélectionné au Festival l’ici et l’ailleurs 2016
Visiones Íntimas de la Emigración Española (Zamora/Espagne) 2016
Ciné-Mémoire (Liège/Belgique) 2018
XII edición Pequeña Muestra de Cine Invisible (Benasque/Espagne) 2019

Qu’avons-nous compris, nous les enfants nés en France dans les années 60, de l’histoire de nos parents espagnols meurtris par trois années d’une guerre fratricide, parqués dans des camps les premières années de leur exil en France, longtemps empêchés de revoir leur pays ? Que pouvions-nous entendre de leurs chuchotements ? Quelle histoire nous sommes-nous racontés comme pour les assurer que nous n’assumerions jamais ni leurs souffrances, ni leur humiliation ? Comment a-t-on compris leur pays d’origine ? Aujourd’hui, je revisite ce passé familial.

Le syndrome du silence se retrouve dans beaucoup de familles qui ont traversé des moments difficiles ou complexes, il en va ainsi de la mienne qui fait partie de ces 500 000 réfugiés de la guerre d’Espagne à avoir vécu une guerre civile, un exode, des années de camp et 40 ans d’exil. De tout cela, nos parents ne nous ont pas donné de quoi faire une lecture réaliste, si tant est que cela soit possible. Alors, il ne nous restait que l’intuition, s’accrocher à des signes, des phrases volées, pour reconstruire une histoire, plus ou moins rassurante, mais loin de leur vérité.

Mais si l’omerta se retrouve dans beaucoup de familles, elle n’en a pas moins une identité singulière. Si les réfugiés de la guerre d’Espagne se sont tus sur la forme de l’accueil que leur avaient réservé les Français, c’est d’abord et sans doute parce qu’ils ont été trahis et humiliés. Et en 1945, à la fin de la guerre, il fallait à tout prix construire et impossible de le faire sur ce ressentiment. Plus simplement encore, ils devaient obtenir le droit de rester en France, un pays qui n’était pas le leur. Leur image devait s’associer, pour s’intégrer, à celle des Français victimes de la collaboration, ce n’était pas le moment de témoigner sur leur cas singulier ou de dénoncer quoi que ce soit. De plus, à cette époque et encore aujourd’hui, le camp de Gurs dans le Béarn, bien que terrible et meurtrier, n’est pas comparable aux camps d’extermination nazis. Et nos parents en avaient une conscience aiguë qui, comme par respect, les a incités à se taire.

Et enfin, si les années de camp ont occulté les années de guerre civile, la dictature de Franco a occulté les années d’internement. Pour eux, de 1945 à 1975 l’Histoire courrait. Pourquoi auraient-ils raconté un passé difficile puisqu’en Espagne la tragédie continuait de s’écrire ?

Une coproduction

Les films de l’Aqueduc
Mosaïk, télévision sans frontière


Avec le soutien
du Centre National de la Cinématographie et de l’Image Animée
de la Procirep et de l’Angoa
de la bourse Brouillon d'un rêve de la Scam


Format : HD / durée 48 minutes / © Les films de l’Aqueduc, Mosaïk 2015


disponible en espagnol


les autres films de Guillaume Mazeline et Jacquie Chavance présents dans le catalogue :
Joël et Krystel, vivre sa vie
Si tu vas à Paris